Avec une proposition de revalorisation salariale de 0.3% en 10 ans, le gouvernement portugais a énervé la fonction publique. En effet, les employés de l'administration publique du Portugal mènent actuellement une grève nationale, la première de la législature actuelle d’Antonio Costa, et organisent une manifestation à Lisbonne ce vendredi avec les différentes organisations syndicales de la CGTP et de l'UGT. Elles anticipent une forte adhésion aux manifestations et indiquent que les différents services publics, comme les administrations et la collecte des déchets, sont fortement impactés par la grève du personnel, qui est en cours depuis minuit et qui se terminera officiellement ce soir à la même heure. La grande manifestation nationale partira de 14h30 de la Place Marquês de Pombal et de nombreux travailleurs publics de tout le pays comptent bien s’y rendre. Lisbob, l’assistant des expatriés au Portugal, vous dit tout sur la grève de la fonction publique au Portugal.
Des milliers de manifestants attendus
"Nous attendons des milliers de travailleurs à la manifestation de Lisbonne, venant de tout le pays", explique la coordinatrice du Front commun des syndicats de l'administration publique CGTP, Ana Avoila. Pour participer à la manifestation nationale, qui commence cet après-midi à 14h30 depuis la Place Marquês de Pombal à Lisbonne, un préavis de grève a été émis de 12h00 à minuit aujourd'hui "qui couvre tous les fonctionnaires", donc "la journée sera une journée de grève massive et des centaines de services publics à travers le pays fermeront ", explique le syndicaliste.
L'adhésion des responsables d'école mais aussi des enseignants et des éducateurs "sera forte", puisque la Fédération nationale des enseignants (Fenprof) a appelé à une grève le même jour pour renforcer la mobilisation du secteur de l'éducation pour la manifestation, indique le leader syndical.
Un "impact significatif" est également attendu sur la santé, avec un service minimum dans les hôpitaux, ainsi que l'adhésion des agents de l'administration locale, à savoir la collecte des déchets, explique José Abraão, chef de la Fédération des syndicats de l'administration publique (Fesap), l'une des organisations de l'UGT qui a également appelé à la grève aujourd'hui.
José Abraão considère que, "en ce début de législature, l'environnement est favorable" à une adhésion massive de la fonction publique à la contestation, car les travailleurs sont mécontents de la proposition de mise à jour salariale de 0,3% présentée par le gouvernement, qui est "offensante" "après dix ans de gel des salaires à la suite de la crise financière de 2008 qui a gravement touché le Portugal.
Le Front syndical UGT dirigé par le Syndicat du personnel technique d'État (STE), qui comprend le Syndicat des travailleurs fiscaux (STI), a également appelé à la grève aujourd'hui, tout comme la Fédération nationale des médecins (FNAM), la Fédération nationale des Syndicats d'infirmières (FENSE), entre autres organisations.
Il s'agit de la première grève nationale de la fonction publique depuis que le gouvernement actuel dirigé par António Costa a pris ses fonctions en octobre, et elle a lieu moins d'une semaine avant le vote final sur la proposition de budget de l'État 2020 (OE2020), prévue le 6 Février.
0.3 % d’augmentation de salaire en 10 ans
Le gouvernement portugais a présenté une proposition d'augmentation de salaire de 0,3% pour la fonction publique et a même mis fin aux négociations, mais la ministre responsable, la ministre Alexandra Leitão, a de nouveau appelé les organisations syndicales à rouvrir le processus de négociation. Une réunion est d’ailleurs prévue le 10 février, après le vote OE2020.
Cette décision n'a pas suffi à stopper la grève, le ministre déclarant que "le but de programmer cette négociation avec les syndicats n’est pas de les amener à annuler la grève" qui, selon lui, "est un droit pleinement respecté". La précédente grève de la fonction publique portugaise, qui avait réuni les fédérations syndicales des secteurs CGTP et UGT, avait eu lieu le 15 février 2019, contre la politique salariale de l'exécutif, et avait plus de 80%, selon les syndicats.
En 2019, il n'y a pas eu de revalorisation des salaires, mais le gouvernement a décidé de porter la rémunération minimale des fonctionnaires de 600 euros (équivalent à la valeur du salaire minimum national cette année-là) à 635,07 euros bruts mensuel.